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Territoires identitaires

2013 20 juin
par Jacques
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C’est aujourd’hui, à 17 heures, au Musée du Bas-Saint-Laurent, que se tient le vernissage de l’exposition Territoires identitaires à laquelle je participe avec six autres artistes de la région: Michel Asselin, Baptiste Grison, Michel Lagacé, Michèle Lorrain, Pilar Macias et Karine Ouellet.

J’ai choisi de créer une œuvre qui se veut une interprétation très personnelle et subjective du concept de l’exposition. Mon territoire identitaire est le lieu que j’habite, la terre où je m’enracine, le paysage qui me façonne. Depuis 40 ans, je partage ma vie entre la Capitale nationale et le Bas-Saint-Laurent, entre Québec et Rivière-du-Loup, entre la ville et la campagne, entre le lieu de ma naissance et celui de mon travail.

Longtemps j’ai rêvé de m’installer à Notre-Dame-du-Portage. Je me revois parcourant le village d’est en ouest, regardant chaque maison construite le long de la route du fleuve, cherchant celle que où je pourrais m’implanter. J’arrêtais souvent au cœur du village, là où trône l’église entourée du presbytère, du cimetière et de l’école. J’aimais me rendre jusqu’au bout du quai pour regarder le fleuve mais aussi me retourner pour mieux voir ce long alignement de maisons d’été. Combien de fois ai-je imaginé y habiter une maison quatre saisons, belle comme une hydrangée?

C’est en 1984 que j’ai trouvé celle qui me convenait, une construction toute simple et banale dans un paysage grandiose, un petit lopin de terre devant une immense étendue d’eau, un paysage à couper le souffle et à donner du souffle. J’y ai emporté mes pénates et je m’y suis transplanté comme une bouture qu’on coupe d’un plant mère pour mieux pousser et grandir.

Je me suis approprié ce minuscule territoire et je l’ai marqué de mon empreinte, en dessinant un jardin, en plantant des arbres et des arbustes, en semant des fleurs, en rendant le sol de plus en plus fertile, d’année en année. J’ai transformé mon coin de terre et mon coin de terre m’a transformé. À Notre-Dame-du-Portage, je suis plus proche de la nature, je baisse la cadence, je vis au rythme des saisons, dans le calme, le silence, la beauté et la contemplation de mon environnement. C’est dans cet échange continu entre le paysage extérieur et intérieur que se façonnent l’identité et le territoire, que ce soit à une échelle lilliputienne ou géante.

Village en pots

De cette expérience personnelle du territoire, j’ai fait un village fleuri, pas celui des concours, mais florissant dans une mise en scène allégorique où je fusionne le bâti et le végétal. Autant j’ai de plaisir à mettre mes mains dans la terre, autant j’aime plier le fil de fer et le transformer en objets qui se tracent dans l’espace.

Pour Territoires identitaires, j’ai créé une douzaine de petites sculptures, chacune représentant un élément-type du village (ex. maisons, église, école). Tous les bâtiments sont montés sur des tiges et poussent dans des pots de grès. Comme des plantes que j’aurais semées… Le regroupement des pots forme un village inspiré de Notre-Dame-du-Portage et de tous ceux que l’on retrouve le long du fleuve Saint-Laurent mais aussi dans les autres régions du Québec.

Pour moi, planter un village dans des pots de grès, c’est l’enraciner au plus profond de moi-même, le voir pousser et s’épanouir jour après jour, grâce à mes bons soins. Pour qu’il survive au passage du temps et aux menaces qui le fragilisent… Pour préserver son identité et mon identité.

Chaque sculpture est faite de techniques mixtes et l’ensemble de l’œuvre mesure environ 1½ pi de hauteur par 4 pi de longueur. Elle est fixée au mur, comme sont les plantes déposées sur le rebord d’une fenêtre pour bénéficier de la lumière naturelle.

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