Fusion de deux mots, théâtre miniature en papier mâché, ensemble vocal composé d’une douzaine de jeunes cocos, portant une aube blanche au col montant, c’est ma Cochorale… Sur scène, bien éclairés par un faisceau lumineux jaune d’oeuf, les cochoristes interprètent leur repertoire de Noël, à gorge déployée.
Moi aussi, j’ai fait partie d’un choeur. C”était il y a bien des années, à l’époque des messes à gogo. La chorale L’Auvergnat regroupait une vingtaine de jeunes, gars et filles de Charlesbourg. Nous chantions tous les dimanches, à l’église paroissiale Saint-Jérôme de l’Auvergne, mais le summum était la célébration de la messe de minuit.
Dès le mois d’octobre, nous commençions à répéter au sous-sol de l’église. Soir après soir, nous apprenions le programme musical que Louis, notre chef de choeur, avait élaboré. Cela se faisait dans la bonne humeur, parfois trop… Pas facile de ramener à l’ordre une bande de jeunes qui aimaient bien blaguer et rire! Ça demandait une bonne dose de patience et de temps en temps, des soubresauts d’impatience pour sonner la fin de la récréation.
Une année, Louis m’a confié l’interprétation du solo de L’enfant à l’étoile, la cantate de Noël que Gilbert Bécaud a composé sur un texte de Louis Amade. L’oeuvre a été créée le 24 décembre 1960, en l’église de Saint-Germain l’Auxerrois à Paris, avec la participation de la Maîtrise, des Chœurs et de l’Orchestre de la Radio-Télévision Belge de la Communauté Française (RTBF), sous la direction de Georges Prêtre. Le soliste était Gilbert Bécaud lui-même.
Je connaissais le répertoire de chansons populaires de Monsieur 100 000 volts, mais j’ignorais qu’il avait une œuvre classique. C’était pour moi tout un défi à relever! J’ai appris les paroles et la partition sur le bout des doigts, j’ai beaucoup répété et pratiqué. Le soir du grand soir, je me suis mis sur mon 36, du moins celui des années 60… Je portais fièrement une chemise neuve, des pantalons à pattes d’éléphant et taille basse, et un veston col Mao comme les Beatles. J’étais beau, j’étais prêt, mais j’avais quand même le trac. Le moment venu, nous avons chanté intensément. L’église vibrait de nos voix, du son de nos guitares et du rythme de notre batterie. C’était réussi. Ouf ! J’étais soulagé et content.
Après la messe de minuit, je suis rentré à la maison, seul à pied… Si je me rappelle bien, il neigeait comme on rêve qu’il neige la nuit de Noël. J’ai été le dernier à me joindre à la famille qui avait commencé à réveillonner. Tout le monde était content que j’arrive pour pouvoir, enfin, commencer à manger. Ma prestation de soliste était bel et bien terminée…
Quand j’écoute l’interprétation qu’en faisaient les Petits chanteurs à la croix de bois en 1968, je me revois chanter, comme si c’était hier… http://www.ina.fr/art-et-culture/musique/video/I07080377/les-petits-chanteurs-a-la-croix-de-bois-cantate-de-noel.fr.html
Trois entonnoirs la tête en bas se superposent comme des acrobates en équilibre sur un pied de verre. Au-dessus de mon sapin de cuisine, est allumée une étoile au nez rouge… C’est Entonnons Noël, le sapin de la boustifaille. Chantons en chœur les louanges des plats de nos mères et de nos belles-mères. Rassemblons nos talents culinaires, sortons nos tabliers et feuilletons le cahier où sont conservées leurs précieuses recettes.
Ma mère ne vient pas du lac mais sa tourtière est délicieuse. Elle aimait bien la servir à toute la famille. À son dire, c’est une recette bien commode à faire et qui, surtout, lui évitait d’être derrière les chaudrons alors que la famille faisait la fête dans le salon. Qui veut du bon ketchup aux fruits avec ça? J’ai aussi souvenir de la dinde dorée que la mère de ma blonde servait à Noël et de la farce qui l’accompagnait. Elle est toujours au menu du diner, avec des atocas et des patates pilées pas de mottons, sinon tout serait gâché.
Mieux vaut garder de la place pour les desserts et les friandises. Pour goûter aux beignes dodus et saupoudrés de sucre de ma mère, à ses carrés aux dattes à l’orange, à sa mousse à l’érable, à son fudge et à son sucre à la crème, je ferais encore des bassesses, et je ne suis pas le seul.
Et s’enchainent les couplets sur les délices et gourmandises préparées par celles qui n’oubliaient jamais d’y mettre l’ingrédient le plus précieux, sans calculer: l’amour qu’elles nous portaient. C’est pourquoi les recettes de Noël de nos mères se perpétuent et se dégustent avec les papilles et le cœur.
Comment petit papa Noël pourrait-il oublier un joli escarpin brodé de feuilles de gui aux baies rouges? Il brille comme la lune dans une nuit de Noël à pois blancs. C’est mon N’oublie pas mon petit soulier pour ma belle qui, le soir de la grande nuit, laissera au père Noël un verre de lait et quelques biscuits aux canneberges et au chocolat blanc, qu’elle a cuisinés avec ses amies, en chantant…
Petit papa Noël
Quand tu descendras du ciel,
Avec des jouets par milliers,
N’oublie pas mon petit soulier.
N’oubliez pas, vous non plus, de bien choisir la chaussure que vous laisserez près de la cheminée, avant de vous endormir la veille de Noël, en vous laisser bercer par le souvenir de la «voix de velours» de Tino Rossi chantant Petit papa Noël : http://www.youtube.com/watch?v=rR5NyGhKQkc
«Qu’est-ce qui pourrait bien réunir des os, oh et ho?», me suis-je demandé… Et j’ai imaginé des os de chien emballés aux couleurs de Noël. Peut-être parce que les toutous espèrent, eux aussi, recevoir des cadeaux le 25 décembre, c’est du moins ce que croient souvent leurs maîtres et les propriétaires d’animalerie.
Ont-ils déjà vu des chiens faire la queue pour voir le Père Noël et japper, au creux de son oreille, leurs souhaits les plus chers? Et le Père Noël de pousser des oh de surprise, à moins que ce ne soit des oh d’indignation, ou tout simplement les Ho, Ho, Ho sonores de ses éclats de rire?
- Ho! Ho! Ho! Viens par ici, mon toutou, monte sur mes genoux. As-tu bien écouté ta maîtresse cette année?
- Oh oui! Père Noël, j’ai tenu ma promesse que j’t’avais faite l’année passée.
- Ho! Ho! Ho! Quel joujou aimerais-tu que le Père Noël t’apporte durant la nuit de Noël?
- Ô Père Noël! J’aimerais tant recevoir de beaux os bien durs à ronger, avec encore un peu de chair et de gras autour.
- Oh ! Je vais voir avec mes lutins si c’est possible d’en préparer.
Et c’est ainsi que les lutins du pôle Nord ont ouvert la première succursale de joujoux pour chiens. Depuis ce temps, comme la famille Larin, les toutous du monde entier chantent avec une petite variante :
Père Noël, j’veux des bebelles comme les années passées
La promesse que j’t'avais faite je l’ai toujours gardée
Mon maître et ma maîtresse j’ai toujours écoutés
Père Noël n’oublie-moi pas, laisse-moi pas l’coeur brisé.
En chœur avec votre chien, reprenez:
Père Noël, j’veux des bebelles…
Et si vous avez besoin de vous rappeler l’air et les paroles, allez à :
N O Ë L : quatre lettres écrites au fil de fer et coiffées de deux minuscules billes, comme des gadelles sur une même grappe. Peintes de rouge, de blanc, de bleu, de jaune et de vert, elles sont les ornements de mon sapin Noël de noëls. Je l’ai planté dans un pot de grès. Est-ce pour le garder longtemps minuscule comme un bonsaï? Est-ce pour ne pas oublier le petit qui vit toujours au plus profond de moi, même si j’avance en âge? Est-ce pour toujours garder vivants les espoirs des enfants?
N O Ë L : comme dans fête de Noël, mais aussi messe de Noël, cantiques de Noël, crèche de Noël, sapin de Noël, lumières de Noël, boules de Noël, père Noël, cadeaux de Noël, dinde de Noël, bûche de Noël, marché de Noël et combien d’autres expressions associées à Noël.
N O Ë L : quatre lettres suffisent à évoquer la commémoration de la naissance de Jésus-Christ par les chrétiens depuis le IVe siècle, la célébration ancienne du solstice d’hiver, la perpétuation de traditions profanes et le congé le plus prisé de l’année.
N O Ë L : quatre lettres, plusieurs expressions, quelques significations et un sens… Pour que ce temps de réjouissances fassent sens, je dois vraiment savoir ce que je souhaite lorsque j’échange des vœux de J O Y E U X N O Ë L !
Il n’ y a que quatre lettres dans le mot J O I E …
Mes Billes de Noël roulent dans le jour et brillent dans la nuit… J’aimerais tant que mon sapin soit un porte-bonheur doté d’un pouvoir magique. Il rassurerait les petits bambins qui voient des ombres qui s’éveillent dans le noir et se transforment en monstres redoutables.
Aujourd’hui, je bercerais tous les enfants traumatisés et terrifiés de Newtown, et de partout dans le monde, pour qu’ils puissent se reposer et calmer leurs douleurs et leurs angoisses. Je leur chanterais :
Ferme tes jolis yeux
Car les heures sont brèves
Au pays merveilleux
Au beau pays du rêve
Ferme tes jolis yeux
Au beau pays du rêve, ils joueraient aux billes avec insouciance et sans souci. Ils ne seraient attentifs qu’au tintement clair que font les marbres quand ils s’entrechoquent les uns contre les autres. Dans la cour de l’école, tous les petits, lutins de la terre et chérubins du ciel, seraient à nouveau réunis et protégés des démons maléfiques qui hantent certains enfants devenus grands. Leurs professeurs seraient invincibles et les protégeraient de leurs immenses ailes blanches. Et plus jamais, la cloche ne sonnerait pour annoncer, abruptement et définitivement, la fin de la récréation.
J’ai rêvé d’enfermer un arc-en-ciel dans un sapin de verre
Pour qu’il ne s’évanouisse pas dans la nature alors que Noël approche à grands pas
Pour que le spectre de sept couleurs illumine toutes les festivités et les rassemblements
Pour qu’un pont de lumière unisse les êtres d’un hémisphère à l’autre de la terre
Pour qu’il y ait trêve de tempêtes et d’hostilités
Pour qu’il y ait accalmie de mauvais temps et de mauvais traitement
de mauvais coton et de mauvaise mine
de mauvais esprit et de mauvaise humeur
de mauvais sort et de mauvaise augure
de mauvaise foi et de mauvaise nouvelle
de mauvaise tête et de mauvais termes.
Mon Noël arc-en-ciel, c’est un talisman contre toutes les intempéries
qui pourraient perturber l’atmosphère du temps des Fêtes.
A B C D comme déjeuner… Au centre de la table, un sapin s’est mis le pied dans les plats. À la cime de l’arbre, la dernière étoile de la nuit illumine encore les rêves des petits. Douze cuillerées de céréales, pleines à ras bord, font le tour de l’arbre, en s’avançant vers la bouche des enfants un peu endormis. C’est mon Noël du matin.
Pour partir la journée de Noël du bon pied, pourquoi ne pas prendre un déjeuner aux saveurs de l’enfance? Des céréales, pas bonnes pour la santé mais si amusantes à manger. Des flocons givrés, des anneaux de toutes les couleurs, des boules chocolatées ou des lettres de l’alphabet…
Qui n’a pas écrit avec ses céréales Alpha Bits? Qui n’a pas tracé son prénom sur la nappe, le rebord de son assiette ou dans sa cuiller, avant d’avaler une bouchée? Qui n’a pas entendu avec un brin d’impatience dans la voix: «Arrête de jouer, pis mange. Tu vas être en retard à l’école.»? Moi aussi, j’ai écrit quelque chose dans la tasse de mon Noël du matin. À vous de trouver, lorsque vous verrez la pièce de plus près.
Lorsque je mangeais mes céréales, j’aimais bien boire le lait sucré à même le bol, mais ce que je préférais par-dessus tout, c’était la bébelle à l’intérieur de la boîte. Pas question d’attendre qu’elle ne se vide pour la récupérer! Sans me soucier de tout ce que j’écrasais au passage, je plongeais le bras jusqu’au fond et, tel un vainqueur, j’exhibais fièrement ma surprise à cinq cennes devant toute la famille.
Je me souviens encore du petit sous-marin trouvé dans une boîte de Rice Krispies. Cric! Crac! Croc! Par l’écoutille, je devais remplir la coque de bicarbonate de soude et, par je ne sais quel mystère chimique, le sous-marin plongeait au fond des mers du lavabo et remontait à la surface maintes fois, jusqu’à ce qu’il chavire, victime d’une écoutille pas suffisamment étanche. J’étais le plus fasciné des petits sous-mariniers.
Dans ma forêt de sapins de Noël, c’est, sans contredit, l’arbre qui porte le plus ma signature. Près d’une trentaine de thisdels écrits au fil de fer et qui portent au bout des «l», de minuscules et fragiles boules de verre. Au sommet, une étoile pour guider tous les Rois Mages vers le 25 décembre de mon Calendrier de l’Avent. Qui m’aime me suive…
Je me demande si c’est parce que Thisdel rime avec Noël que j’aime tant le temps des fêtes. Qu’en pensez-vous?
Une forêt de sapins serrés les uns contre les autres pour braver les grands froids, est envahie par une nuée d’anges ailés, des chérubins blancs comme neige. On croirait des extraterrestres venus d’un ailleurs aussi lointain que les cieux. C’est l’interprétation en trois dimensions que j’ai faite du cantique Les anges dans nos campagnes…
Les Anges dans nos campagnes,
Ont entonné l’hymne des cieux;
Et l’écho de nos montagnes
Redit ce chant mélodieux:
Gloria in excelsis Deo (bis)
Ce refrain nous revient immédiatement en mémoire, tant est célèbre ce chant de Noël entonné par la terre entière, chaque année durant le temps des Fêtes. On ignore quel en est l’auteur et quand exactement il a été composé, mais il existe au moins quatre variantes en français dont l’une est destinée aux protestants, et une traduction anglaise, Angels We Have Heard On High, faite par le Révérend James Chadwick, et publiée dans son Holy Family Hymns en 1860.
J’ai toujours aimé Les anges dans nos campagnes et j’en ai de multiples versions dans ma discothèque, près d’une cinquantaine, sur 33 tours, CD et maintenant enregistrées sur mon iPod. J’ai un attachement particulier pour un très vieux vinyle, le premier disque de Noël que mes parents ont acheté. C’était Joyeux Noël de Gisele MacKensie. Connaissez-vous cette chanteuse franco-manitobaine, née Laflèche, qui a fait carrière au Canada et aux Etats-Unis? Maman adorait sa voix claire et agréable. Bilingue, Gisele MacKensie aimait interpréter la même chanson dans les deux langues. Sans le savoir, elle m’a donné mes premiers cours d’anglais. Combien de fois ai-je fait jouer ce 33 tours sur notre tourne-disque Sea Breeze? Difficile à dire mais à la fin, l’aiguille sautait les sillons, le disque grinchait et j’ai dû rafistoler la pochette à quelques reprises.
C’est comme ça que je suis devenu disc-jockey chez les Thisdel. C’est moi qui choisissais la musique qu’on écoutait à la maison. Je me vois encore nettoyer méticuleusement les disques avant de les empiler les uns sur les autres sur le «pick-up». Je les classais selon un ordre que moi seul connaissais. Et gare à celui ou à celle qui prenait mes disques sans me demander la permission!
À bien y penser, c’est la faute de Gisele McKensie si je suis devenu boulimique de musique et de disques de Noël. Je l’avoue et je l’assume …